Une émission de télé-réalité tournée avant la mort de la petite amie d'Oscar Pistorius
L'émission s'apparente à «L'île de la tentation» de TF1. Une dizaine de célébrités participent au jeu «Tropika Island of Treasure» diffusée ce jour en prime-time sur la première chaîne de télévision publique. Parmi elles, Reeva Steenkamp, le top-modèle de 29 ans et petite amie d'Oscar Pistorius, assassinée jeudi dernier au domicile de l'athlète. L'émotion est à son comble. Plus de 3 millions de téléspectateurs ont suivi l'émission. SABC1 a obtenu l'accord de la famille, soucieuse que «tout le monde puisse voir leur fille».
Eliminée du jeu après quelques épisodes, Reeva Steenkamp y fait ses adieux aux téléspectateurs. Des adieux qui apparaissent aujourd'hui poignants :
Le lancement de l'émission de télé-réalité :
Le jour du drame, Reeva Steenkamp aurait été tuée alors qu'elle était aux toilettes, selon le quotidien afrikaner «Beeld», qui indiquait déjà vendredi que Pistorius avait tiré à travers la porte de la salle de bains, une information non confirmée à ce stade.
La police, dont les investigations se poursuivaient samedi dans la maison de Pistorius, aurait saisi la porte de la salle de bains comme pièce à conviction, selon le même journal.
Elle respirait encore
«Beeld» affirme également que lorsque les vigiles de la résidence sont arrivés, «Reeva Steenkamp respirait encore tandis qu'Oscar Pistorius la transportait dans ses bras pour chercher de l'aide». L'athlète «lui a fait du bouche-à-bouche dans une ultime tentative de la sauver, mais en vain», écrit le quotidien.
Vendredi, la famille et l'agent de Pistorius avaient diffusé un communiqué disant : «Ce prétendu meurtre est contesté dans les termes les plus vifs».
La défense aura cependant fort à faire pour prouver «les circonstances exceptionnelles» justifiant un régime de liberté surveillée pour Pistorius, qui sera demandée à la reprise de l'audience mardi et mercredi.

Meurtre avec préméditation ?
Face à lui, l'accusation sera incarnée par un membre du parquet de très haut calibre, Gerrie Nel, connu pour avoir envoyé derrière les barreaux en 2011 l'ancien patron d'Interpol et ex-chef de la police nationale, Jackie Selebi, pour corruption. Selon le parquet, il y a eu «meurtre avec préméditation».
Autorisé à recevoir des visites dans sa cellule du commissariat de Brooklyn, un quartier de Pretoria où il a été transféré, Pistorius attendait ce samedi celle de sa famille et de ses avocats, a précisé son agent Peter van Zyl. Une source policière a précisé samedi matin qu'il «avait bien dormi» et que «tout allait bien».
Huit armes
Pistorius, indéboulonnable au hit-parade des Sud-Africains les plus aimés de ses compatriotes dans un pays à l'histoire douloureuse et ayant terriblement besoin de ses héros, était apparu brisé et en larmes vendredi, lors de sa première comparution devant la justice qui l'a formellement inculpé du meurtre de Reeva Steenkamp.
La police a établi que l'arme du crime appartenait à Pistorius, seul suspect dans cette affaire passible de la prison pouvant aller jusqu'à la perpétuité. Le procès devra expliquer pourquoi ce dernier, impliqué dans plusieurs incidents témoignant d'un tempérament caractériel, a pu conserver, en contradiction avec la législation, son port d'armes. Selon «Beeld», il avait une licence pour son pistolet Taurus 9mm et avait fait la demande pour le port de sept autres pistolets, dont un semi-automatique 223.
Parallèlement à l'audience mardi, les obsèques de Reeva Steenkamp auront lieu à Port Elizabeth, une ville du Sud où vit sa famille et où elle sera incinérée, selon les médias sud-africains.

C'était un exemple à suivre
De nombreux fans sud-africains, partagés entre stupeur et désarroi, refusent toujours de croire au meurtre. «Pour le moment, je suis en état de choc», a déclaré Lunga Mubuza, 18 ans, à Pretoria, où réside l'athlète. «C'était un modèle pour moi, je voulais devenir comme lui un jour. Maintenant, c'est une grande déception», a-t-il dit.
«Toute action a une conséquence, alors s'il l'a tuée, il doit payer pour ce meurtre», soulignait une passante, Charntel Paile. «C'est un choc terrible pour tout le monde», a de son côté estimé Quentin Smith. «J'ai eu la chair de poule quand j'ai entendu la nouvelle à la radio».
Et Linda, 69 ans, d'ajouter : «Il faut comprendre, notre pays a besoin de héros. On en a besoin. On a déjà tellement mauvaise presse».