Les drones, ces machines qui nous surveillent depuis le ciel, inquiètent dans le monde entier. Mais le designer Adam Harvey nous a concocté une solution originale pour déjouer ces robots curieux, écrit The Guardian.
Il s’agit d’une veste à capuche qui s’arrête au niveau du buste. Il faut le dire, ce n’est pas particulièrement beau, mais cette veste permet de se protéger des systèmes d’imagerie thermique et des engins de surveillance aérienne: les drones.
« C’est ce que j’appelle de l’anti-drones », explique Adam Harvey. « Le vêtement reflète la chaleur et rend la personne invisible à l’imagerie thermique ». La « capuche anti-drones » était le produit vedette de l’exposition de M.Harvey, « Stealth Wear » (Vêtements pour se faire discret), ouverte en janvier à Londres. Adam Harvey est pionnier dans le domaine de la « mode anti-surveillance » depuis trois ans maintenant.
Tout a commencé en 2010 avec « Camoflash », un sac à main anti-paparazzi qui répond aux flashs indésirables avec un « contre-flash », remplaçant ainsi le sujet du photographe par une lumière blanche. Son sujet de thèse, « CV Dazzle », est un système qui permet de ne pas être reconnu par les logiciels de reconnaissance faciale grâce aux cheveux et au maquillage de zones précises. Il est inspiré d’un système de camouflage utilisé pendant la Seconde Guerre mondiale.
Mais Adam Harvey insiste sur le fait que ces objets ne sont que des articles de mode et des objets d’art. « Je n’essaye pas de créer des produits de survie. Ce que j’aimerais, c’est présenter l’idée suivante: la surveillance n’est pas invincible. Il existe des moyens d’interagir avec elle et on peut toujours la rendre esthétique ».
La mode anti-drones ne vise aucun public en particulier. « Le profil de la personne qui porterait ce vêtement dépend vraiment de l’objectif du drone. On peut tout envisager, de l’espionnage domestique du gouvernement à la reconnaissance d’individus à des fins commerciales, ou encore l’espionnage de dissidents politiques ».
Adam Harvey est bien conscient que son travail peut paraître quelque peu en avance sur son temps. « Je ne dirais pas que beaucoup soient gênés par les drones pour l’instant. Mais imaginons que cela devienne un problème et que mon vêtement soit une solution fonctionnelle ».
L’espionnage technologique
La réalité n’est pourtant pas si loin: la Federal Aviation Administration (FAA) prévoit l’apparition de plus de 20.000 nouveaux drones dans l’espace aérien américain d’ici quinze ans, appartenant non pas uniquement au gouvernement et à l’armée, mais aussi à des sociétés privées.
A
u Royaume-Uni, plusieurs services de police réalisent des expériences avec les drones. « Ils peuvent être équipés de ‘IMSI-catchers’ (« intercepteurs d’IMSI« ), qui permettent d’identifier le numéro de gsm de n’importe quelle personne se trouvant dans une zone donnée », explique Richard Tynan, chargé de recherche au sein de l’ONG Privacy International. « La police peut également intercepter des appels et envoyer de faux messages. La technologie existe déjà ».
Richard Tynan est sceptique quant à l’efficacité de produits tels que la capuche anti-drones: « Ils auront toujours une longueur d’avance ». Pour Guy Cramer, spécialisé dans le camouflage militaire, « les seules personnes qui ne veulent vraiment pas être vues sont celles qui ont quelque chose à se reprocher ».
Cape d’invisibilité
Guy Cramer est en quelque sorte l’homologue d’Adam Harvey dans le domaine militaire: il est aussi pionnier dans l’art de disparaître. L’année dernière, son entreprise, HyperStealth Biotechnology Corp, avait fait la une à travers le monde avec sa « cape d’invisibilité« , qui grâce à la déflexion permet de faire « disparaître un soldat ». Jusqu’à présent, seuls quelques membres hauts placés de l’armée ont pu voir des démonstrations, de peur que la technologie ne tombe entre de mauvaises mains.
Il a également mis au point un « textile intelligent » (« Smartcamo »), capable de changer de couleur en fonction de ce qui l’entoure. Il envisage de le proposer au grand public, mais dans une version détectable par les rayons infrarouges. « Cela ne coûterait presque rien de proposer une version fonctionnant à 100% mais je ne veux pas donner cet avantage à des personnes malintentionnées ».
Il est lui aussi sceptique au sujet des vêtements anti-drones: « La qualité de votre vêtement importe peu; si vous ne cachez pas la totalité de votre corps, votre position sera découverte ».