La perte de banquise en Arctique à l'origine du froid de ce début de printemps
Selon ce professeur et un nombre croissant d’autres chercheurs, la fonte extrême de la glace en Arctique modifie la température de l’océan et de l’atmosphère, avec pour conséquence une modification de la position du Courant-jet, un flux d’air rapide situé à haute altitude qui dirige et gouverne les systèmes orageux atmosphériques dans l’hémisphère nord.
« En se modifiant, le Courant-jet engendre des événements météorologiques extrêmes. Sans la banquise, l’air froid de l’Arctique est alors capable de plonger beaucoup plus au sud, à une position quasi-record cette année, ce qui explique les conditions hivernales que nous rencontrons actuellement alors que le printemps est supposé avoir débuté ».
Selon les spécialistes, la vague de froid qui sévit actuellement en Europe vient confirmer le réchauffement climatique. Ce qui paraît paradoxal s’explique parfaitement, indiquent les climatologues : c’est en partie la fonte des glaces en Arctique qui ferait chuter la température chez nous.
Les climatologues ne sont pas du tout surpris de la vague de froid qui frappe actuellement l’Europe alors même que le réchauffement climatique est censé s’aggraver chaque année un peu plus. En effet, selon eux, si nous traversons actuellement le mois de mars le plus froid enregistré depuis 1883, c'est à cause de deux phénomènes conjoints et notamment de la dramatique fonte des glaces qui touche les contrées arctique.
"La glace d'eau s'en va rapidement. Il y en a aujourd'hui 80% qu'il y a 30 ans. Il y a eu une perte très importante. C'est un symptôme du réchauffement climatique global et cela contribue à augmenter le réchauffement de l'Arctique", explique Jennifer Francis, professeur chercheur au Rutgers Institute of Coastal and Marine Science citée par le Guardian. Or, comme l'ont expliqué cette spécialiste et ses collègues, la fonte des glaces a tendance à réchauffer l'océan et l'atmosphère ce qui aurait pour effet de déplacer le courant d'air appelé "jet stream" qui circule entre 6 et 15 kilomètres d'altitude.
"C'est ce qui affecte actuellement le jet stream et ce qui conduit à la météo extrême que nous observons à des altitudes moyennes. Cela permet à l'air froid venant de l'Arctique de plonger plus au sud", a indiqué la scientifique. Le froid est ainsi repoussé vers la Russie et la Sibérie au-dessus desquels se trouve déjà un anticyclone qui bloque la dépression et l’air doux venant de l’Atlantique tout en transformant l’humidité en neige. Ces deux phénomènes mêlés seraient ainsi à l'origine des températures glaciales et des chutes de neige persistantes.
Une météo extrême plus fréquente à l'avenir ?
"Le modèle peut être lent à changer parce que l'onde sud du jet stream devient plus importante. C'est maintenant quasiment à une position record, donc quelle que soit la météo que vous avez, cela va rester dans les parages", a ajouté la scientifique.
En février dernier, une étude climatique a révélé que de nombreux phénomènes inhabituels sont les conséquences d’une même perturbation des courants atmosphériques dans l’hémisphère nord. Selon les climatologues, les hivers rigoureux risquent donc de se multiplier, une prédiction partagée par le président du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), Rajendra Kumar Pachauri cité par RTBF.be.
"Ce qui est tout à fait perceptible c’est qu'au cours des 50 dernières années, la tendance est à la hausse. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de haut et de bas, il y en aura, mais ce dont il faut se soucier, c’est de la tendance, et elle est maintenant influencée dans une large mesure par l’activité humaine", indiquait-il sur le site Rue89 au début du mois.