Une arrivée digne d'une descente dans un palace. Vendredi, Roman Polanski a été libéré sous caution comme prévu, vendredi. Il est arrivé dans son chalet de Gstaad peu avant 13h, dans l'une des deux berlines aux vitres teintées qui avaient été spécialement affrétées par les autorités suisses.




Le réalisateur n'est pas arrivé dans une maison vide. L'épouse du cinéaste Emanuelle Seigner était sur place, en compagnie de leur deux enfants Elvis 9 ans et Morgane 16 ans.

Sorti de prison, Roman Polanski est cependant loins d'être libre comme l'air. Assigné à résidence dans son chalet pour une durée indéterminée, il sera équipé d'un bracelet électronique qui transmettra ses moindres déplacements. Ceci en vue d'éviter une nouvelle fuite du réalisateur, qui avait quitté les Etats-Unis en 1978 avant la fin de son procès. Le réalisateur franco-polonais «s'est engagé à ne franchir à aucun moment les limites de sa propriété», a assuré vendredi le ministère suisse de la Justice.

Jeudi, Roman Polanski a été déplacé de sa prison de Winterthour, où il était incarcéré depuis plus de deux mois, pour un endroit tenu secret. Un transfert organisé «pour des raisons de sécurité», selon le ministère suisse de la Justice.

Le transfert de Roman Polanski à Gstaad est synonyme de battage médiatique, ce qui n’est pas du tout du goût de la petite station suisse, réputée pour son calme et ses prestigieux locataires. «Il va y avoir un vraie traque des médias. C'est très angoissant», a déclaré jeudi à 20 Minutes Hervé Témime, l'un des avocats du cinéaste.

Vendredi, le directeur de l'Office du tourisme de Gstaad s’est publiquement ému de l’arrivée massive des journalistes du monde entier, avouant être inquiet pour l'image de sa station. «On s'approche lentement d'une certaine saturation», a reconnu Roger Seifritz.
L'un de ses avocats français, Me Georges Kiejman, a indiqué jeudi qu'il avait l'intention de se rendre dans les prochains jours auprès de son client.
M. Polanski a obtenu après des semaines de bataille avec la justice suisse une libération sous condition, à prix fort. Il a dû livrer des garanties substantielles à la justice helvétique qui estimait "élevé" le risque de fuite vers la France voisine.

Afin de bénéficier d'une sortie de prison, exceptionnellement accordée dans les cas de demande d'extradition, il a dû déposer une caution de 3 millions d'euros. Il a également été tenu de remettre ses documents d'identité et devra, à partir du moment où il arrivera dans son chalet mis sous surveillance, porter un bracelet électronique.
Le marathon judiciaire n'est pas pour autant terminé pour lui. Il doit attendre la réponse de la Suisse à la demande d'extradition américaine reçue fin octobre par Berne.

L'office fédéral de la Justice (OFJ) dispose de plusieurs semaines pour prendre sa décision. Une fois celle-ci rendue, Roman Polanski disposera d'un délai pour s'y opposer auprès du Tribunal pénal fédéral de Bellinzone et, en dernière instance, auprès du Tribunal fédéral de Lausanne.
La défense de Roman Polanski a d'ores et déjà prévenu que le cinéaste se battrait jusqu'au bout contre son extradition. Les avocats ont également l'intention de réclamer la relaxe de leur client à l'occasion d'une audience en appel à Los Angeles, le 10 décembre, selon des sources judiciaires américaines.