Il est des couleurs qui viennent du ciel, il en est d'autres qui viennent du coeur.
En plein coeur de l'Aba tibétain, se dressent des paysages alpins tachetés de yacks et saupoudrés d'un mysticisme enchanteur. Des drapeaux bön par centaines pour indiquer la route et je sais que le paradis de la minorité locale n'est plus très loin.
Je fais une halte en chemin, au pied de la réserve de Jiuzhaigou. Là, je suis accueilli par une famille tibétaine fraîchement installée dans la région.
De nouveau, je retrouve l'hospitalité qui faisait défaut depuis mon départ de Mongolie. Jamais un thé n'aura été aussi savoureux que celui préparé avec grands soins par la "mama". Jamais un repas n'aura été si riche en si peu de temps de préparation. La cuisine chinoise continue de me surprendre et c'est un plaisir de chaque instant.
Dans cette maison de bois, tout a été confectionné par la main de ses habitants, de la charpente jusqu'aux meubles. Et l'on s'y sent bien ; la chaleur du poêle pour finir de dorloter ses invités.
A l'aube claironnante, je m'en vais découvrir ce nouveau bijou de la nature. Dès les premiers kilomètres, je laisse la masse de touristes à ses bus infernaux et j'emprunte les sentiers pédestres à travers bois et prairies.
C'est un premier festival de couleurs et de vie. Des fleurs, partout, pour alimenter la palette de l'artiste ; des animaux jouant autour de moi pour animer le tableau.
Et puis vient le tour des premiers lacs. Des pierres précieuses au milieu d'un collier de montagnes tranchant le ciel. Des perles scintillant d'un éclat si pur que c'en devient émouvant.
Oui, il est encore possible de communier avec la grande dame verte. Il ne peut en être autrement face à un tel spectacle, si admirable de diversité, si impressionnant de simplicité, si fascinant d'une beauté naturelle.
Ici, j'apprends à mettre une image sur le mot turquoise du dictionnaire. Mais le turquoise a ses variations et, d'un lagon à l'autre, j'en découvre les teintes innombrables.
On parle de lac du cygne, du rhinocéros ou du panda dans le parc. Pour ma part, j'y vois les ancêtres de cette terre se refléter dans l'eau tranquille depuis les nuages.
La limpidité exemplaire des eaux n'est troublée que par le remous de ses cascades, disséminées avec précaution tout au long du dénivelé.
Un bruit de tonnerre venant des montagnes et c'est un nouveau mélange de couleurs qui s'opère quelques dizaines de mètres en contrebas, mais toujours entre 2000 et 3000 mètres au dessus du niveau de la mer là où la forêt est si luxuriante.
Difficile d'imaginer un cadre plus fantastique que celui-ci car, pour sûr, il n'est pas réel. Je n'ai pu que le rêver de toutes mes forces...